Truffade or not truffade ?

That Is The Question.

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Un nuage de lait avec votre magique potion ?

25 septembre 2009 classé dans Actualité économique et sociale, Société, politique par wwwillaume

Voici un passage tiré d’un ouvrage que je suis en train de lire :

“Le consensus autour de l’État Providence reste une réalité, malgré son bureaucratisme et son coût, (…) mais n’a pourtant pas bloqué tous les signes de fragilisation du corps social : les classes moyennes se sentent menacées par la crise, la classe ouvrière, frappée par la désindustrialisatioon, se réfugie dans un combat syndical qui apparaît, au fond, plus protestataire que révolutionnaire, le monde des exclus voit ses effectifs croître (”nouveaux pauvres”, immigrés, chômeurs, “paumés”) dont témoigne la culture du refus face à la domination d’une culture de masse consumériste et américanisée, de plus en plus télévisuelle et normalisée. Ce qui n’empêche pas la permanence du débat intellectuel, sur fond d’opposition entre marxisme et libéralisme (…) sans parler de la progression du culte du corps, des loisirs ou du bricolage.”

Vous avez l’impression que l’on parle de la France des années 90 et 2000 ? Moi aussi. En réalité, ce passage décrit la Grande Bretagne à la veille des élections législatives de 1979 qui ont vu la victoire des Conservateurs de Margaret Thatcher. Je précise que l’ouvrage n’est en rien partisan, il s’appelle La Grande Bretagne contemporaine et raconte l’histoire récente de ce pays jusqu’à nos jours.

L’ouvrage poursuit sur le projet thatchérien : “C’est un discours de combat contre le consensus mou et les idées socialisantes qui, selon lui, ont conduit le Royaume-Uni au déclin. C’est aussi une pédagogie de l’effort en faveur du redressement national : moralisateur, populiste, volontariste mais aussi pragmatique, le thatcherisme entend promouvoir un capitaliste modernisé fondé sur l’initiative privée et les lois du marché, encourager l’individualisme et la méritocratie sans briser le Welfare State (l’Etat Providence), réduire le rôle de l’EstabliMargaret Thatcher, the "Iron Lady" (la "Dame de Fer")shment comme celui des syndicats, renforcer l’autorité de l’État tout en limitant son interventionnisme, restaurer le prestige et le rôle du pays dans le monde.”

L’auteur, François-Charles Mougel, historien, rappelle par ailleurs la débâcle historique du Labour en 1983, alors que le parti avait effectué un virage à gauche en opposition à la politique de la Dame de Fer, avant de ce recentrer pour devenir un parti social-démocrate, c’est à dire oublier son idéalisme socialiste en acceptant la société de libre-marché -ce que tous les partis socialistes ont fait par la suite sauf le PS qui n’a toujours pas réussi à le faire…- et gagner les élections de 1997 avec Tony Blair. Ce “New Labour“, abandonnant ses thèses anticapitalistes, reprend en partie l’héritage thatchérien et profite de la remise en ordre de marche du pays par la Dame de Fer pour confirmer la croissance exceptionnelle du pays jusqu’en 2008.

2008 : la crise. Et vous vous dites : bravo le thatchérisme -je précise au passage que le celui-ci prônait une stricte régulation financière, contrairement à ce que l’on peut entendre- maintenant les britanniques se trouvent plus dans la merde que nous ! Vous avez raison. Mais je vous donne rendez-vous dans 5 ans : vous verrez, la Grande Bretagne se sera remise bien plus vite de la crise que nous -tout comme les États-Unis- et arborera à nouveau de belles perspectives de croissance. Pourquoi ? Parce la culture que M. Thatcher puis T. Blair ont impulsé à ce pays rend sa population bien plus encline à rebondir, à se réinventer, à imaginer des solutions et à tout mettre en œuvre pour s’en sortir, pendant que nous nous lamenterons encore de travailler toujours trop et que l’État ne fait rien.

En attendant, on a un Président qui paraissait être notre “Homme de Fer” français lors de la campagne électorale et qui, taxé d’hyperprésident (!) quand ce n’est pas de monarque présidentiel (!!!) -relisez au passage les analyses politiques sérieuses- et ayant merdé sa communication présidentielle, doit maintenant composer avec les syndicats et “La Rue” pour finalement faire passer ses “réformes” dont 80% du contenu a été raboté pour faire plaisir et qui se révèleront donc inefficaces. En face ? Personne. Soit des agités extrémistes et ridicules, soit des mollassons qui proposent des idées écumées et obsolètes depuis 30 ans.

Le changement n’est donc pas pour demain.

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Attentisme à la française

9 septembre 2009 classé dans Société, politique par wwwillaume

Vendredi dernier, j’ai eu le plaisir d’assister à l’enregistrement de la première de la nouvelle émission de Franz-Olivier Giesbert, “Vous aurez le dernier mot”, dont le titre, faisant référence à la “possibilité” du public de laisser son avis à la caméra à la fin de l’émission, est d’ailleurs juste une blague. Mais ce n’est pas le sujet de ce billet.

Au cours de cette émission ont été abordés des sujets fort intéressant tournant autour du thème “La France : je t’aime, moi non plus”. Des invités prestigieux de milieux et de sensibilités différentes étaient présents : Frédéric Mittérand, Vincent Peillon, Rama Yade, Frédéric Beigbeder, le rappeur Hamé, le co-producteur du film “Neuilly sa mère” Djamel Bensalah, les penseurs Michel Onfray et Alain Finkielkraut.

Une attitude, unanime de la part des intéressés, m’a choqué. En effet, sur chacun des sujets évoqués, faisant à chaque fois référence à un problème lié au modèle français (éducation, intégration, …), tous les invités se sont égosillé à défendre ou à critiquer des actions (ou, au contraire, l’absence d’action) de l’État, des gouvernements. A aucun moment l’un des invités (ou le présentateur) n’a évoqué la responsabilité individuelle.

A aucun moment par exemple n’a été rappelé que l’école n’est pas là pour éduquer les enfants de la République, mais pour les instruire. Si bien sûr l’école est un moyen d’éducation, son rôle principal est de les instruire, c’est aux parents de donner une éducation convenable à leurs enfants. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi le Ministère de l’Education ne se nomme pas Ministère de l’Instruction, car cela contribue probablement inconsciemment à ce que certains se disent que l’école est là pour éduquer les enfants…

A aucun moment non plus, n’a été rappelé que l’État et les gouvernements qui se sont succédés, de gauche comme de droite, depuis 40 ans, ne sont pas les seuls responsable de l’échec de notre modèle d’intégration sociale : chacun d’entre nous, individuellement, n’a-t-on pas une part de responsabilité ? Le recruteur qui décide délibérément de ne pas embaucher un candidat parce qu’il est black, arabe ou qu’il demeure dans une cité, n’est-il pas en partie responsable de cet échec national ?

Chaque invité, certains après s’être affrontés politiquement sur le plateau -on remarquera au passage que Vincent Peillon s’est montré beaucoup plus politicien et hargneux que Rama Yade- s’est attaché à maintenir l’esprit d’attentisme de la France et des Français : attendre, attendre que ceux qui sont au-dessus, les décideurs, les ministres et les présidents, agissent et prennent, peut-être, les bonnes décisions.

C’est comme ça que notre pays va s’arranger, c’est sur.

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Gauche Cassoulet Bling-bling

3 août 2009 classé dans Non classé, Société par wwwillaume

Il y a un peu plus d’un an, j’ai découvert un “animal social” très intéressant, dont j’ai envie de vous faire un rapide portrait.

Ce que j’appelle un “animal social” est en quelque sorte un type de personne qui se caractérise par un certain nombre de faits sociaux et sociétaux qui la fait appartenir à un groupe social qui n’est pas identifié par le recencement légal. Par exemple, le Bobo (Bougeois-Bohême) est un animal social que tout le monde connait.

Ainsi je vais vous parler de la gauche cassoulet bling-bling. Après la “gauche caviar”, vous vous rappellez certainement de la “droite cassoulet”, imaginée par Bernard Mabille, c’est à dire, au-delà du raccourci “une petite saucisse avec pleins de fayots autour”, une droite qui séduit les Bidochons moyens, monsieur et madame Michu, aux idées courtes, arrêtées et souvent infondées. En gros, des beaufs.

Et bien j’ai eu l’occasion de cotoyer quotidiennement la gauche cassoulet bling-bling, cette fois, lorsque je vivais à Toulouse. La gauche cassoulet bling-bling, ce sont des beaufs, qui se revendiquent de gauche (la Haute-Garonne est l’une des plus grosses fédérations socialistes de l’Héxagone) plus par tradition familiale ou bien-pensance que par véritable conviction politique fondée, et qui se la joue show-off à la kéké du Midi, quelque chose qui est tendienciellement plus de droite.

Comme je ne veux froisser personne, je tiens à préciser que, bien sûr, il ne faut pas voir là une critique envers les gens du Midi en général, mais il se trouve que, malheureusement, il y a une propension plus large dans le Sud qu’en Auvergne par exemple à être show-off (”m’as-tu-vu” en anglais), je m’explique : vous savez, le type un peu gras (au sens propre comme au figuré), gominé, chemise largement ouverte sur une médaille dorée, qui roule des mécaniques et en gros 4×4 pas du tout écolo. En fait, le “branleur” des Inconnus.

J’en ai malheureusement cotoyé des tonnes lorsque j’étais dans la région et je me rappellerai toujours, par exemple, de ce type visqueux que je retrouvais malgré moi tous les jeudis dans le sauna de la piscine de Colomiers (oui, vous avez tous les détails !). Ce type rentrait allègrement dans tous les clichés les plus imbéciles sur la droite ou Sarkozy véhiculé par la gauche, il gueulait à qui voulait l’entendre que l’Europe, c’était rien que d’la merde, que les étrangers on les aime bien mais y’en a quand même un peu trop et que ces connards de patrons nous engloutiront tous… ou quand le populisme gras flirte avec la démagogie de gauche. Et je vous épargne les multiples exemples qui témoignait de l’inculture de notre homme, que ce soit en géopolitique comme en histoire ou en économie (un peu dans ce style, une vidéo à voir absolument, affligente mais qui n’étonne pas tant que ça et qui nous amène à nous intérroger sur les bienfaits de la démocratie… car ces gens votent !), avant de réaffirmer qu’il voterait toujours à gauche parce que vous comprenez y’a que ça qui peut changer les choses dans c’pays. Heu…

Par la suite, j’ai retrouvé quelques victimes de la “gauche cassoulet bling-bling” notamment en Auvergne ou en région parisienne… l’accent du sud-ouest en moins ! Car ce n’est bien évidemment pas une espèce cantonnée au Midi, même si c’est clairement la zone où j’en ai rencontré le plus au mètre carré.

C’est pourquoi je vois deux explications sociétales à ce phénomène très visible dans le sud, particulièrement le sud-ouest. D’une part un aspect gauche cassoulet qui tient de l’addition assez naturelle entre deux constantes françaises : la Bidochonnerie et la bien-pensance démagogique franchoulliarde ; d’autre part, un côté bling-bling qui s’explique par une tendance culturelle des gens -surtout les hommes- du Sud (en général, pas seulement le sud de la France) à être plus “m’as-tu-vu”, à parler fort et à montrer leurs attributs, non sexuels j’entends.

Mais reste que c’est néanmoins un mélange insolite à l’incohérence flagrante, et c’est la raison pour laquelle j’ai souhaité en parler dans ce billet. Un mélange insolite, mais très révélateur de notre pays et de ses habitants : une incohérence entre notre système idéologique hérité de notre histoire et notre rapport à la politique et à l’argent, entre autres. On se la joue bling-bling tout en affirmant son appartenance à gauche et en véhiculant les préceptes les plus populistes qui soient. Le pire, c’est que ces gens ont un public pour les écouter. Au sauna comme ailleurs…

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Société à Moyenne Vitesse

21 juillet 2009 classé dans Société, communication, politique par wwwillaume

1964 : la ségrégation raciale aux États-Unis est officiellement abolie. 44 ans plus tard est élu le premier Président Noir des USA en la personne de Barack Obama.

En France, c’est en 1848 qu’est abandonnée toute forme de ségrégation raciale avec l’abolition de l’esclavage. 161 ans plus tard, notre Parlement (Assemblée Nationale et Sénat) ne compte qu’une seule élue “issue de la diversité”, comme on dit, la député socialiste George-Pau Langevin.

Si ce constat est le symbole de l’échec de la politique d’intégration qu’a mené la France depuis un demi-siècle, d’autres éléments relevant de domaines totalement différents amènent à se poser la question de l’efficacité du système de pensée de la société française.

Exemple #1 : lors d’une récente interview, une jeune chercheuse scientifique française terminant actuellement sa thèse à Boston m’a raconté l’écart béant qui sépare la mentalité française de la mentalité américaine dans le domaine de la recherche. Par exemple, cette jeune chercheuse talentueuse -elle vient de recevoir un Prix d’Honneur pour ses travaux- s’est faite refouler par tous les laboratoires en informatique français pour le motif qu’elle étudie la neurobiologie et qu’à ce titre elle doit, dans la pensée étriquée des directeur de centres de recherches français, rester dans un laboratoire de neurobiologie. Aux Etats-Unis, plusieurs laboratoires d’informatique, et parmi les plus prestigieux, l’ont accueilli à bras ouvert, acceptant sans problème qu’elle souhaite utiliser les technologies informatiques pour mener à bien ses recherches en neurobiologie. Ils l’ont parfaitement compris dans la mesure où c’est quelque chose qu’ils pratiquent depuis bon nombre d’années. En France, de timides directeurs de centres de recherche commencent à peine à comprendre cet intérêt.

Résultat : cette jeune chercheuse brillante préfère rester aux Etats-Unis, dans un pays qui a compris l’intérêt de conserver ses cervaux et de leur donner les moyens d’innover, quitte par ailleurs à être subventionné en partie par des entreprises, ce qui n’est pas perçu comme mauvais aux USA.

Exemple #2 : Comme je le mentionnais dans un précédent billet, l’action de grève est considérée en Allemagne comme un ultime recours de la part des syndicats lorsque TOUTES les discussions et les autres solutions n’ont pas abouties dans un conflit social. En d’autres termes on privilégie le dialogue, la recherche intelligente de compromis et de solutions raisonnablement acceptables, ce qui inclue bien sur des concessions de la part de TOUTES les parties. En France, nos syndicats, véritables GO du Club Merguez, vont hurler à la mobilisation et organiser des “journées d’action” avec atelier loisirs créatifs (banderoles), atelier cuisine (saucisses-merguez) et enfin atelier défouloire (manif) mais d’atelier échange-discussion-négociation point n’en faut !

Exemple #3 : Pourquoi la France copie des années après leurs création nombre d’innovations ou de nouvelles méthodes dans divers domaines, et ce avec souvent beaucoup de retard et une efficacité moindre, au lieu d’impulser la nouveauté. Je vais prendre un exemple issue de mon métier : les anglo-saxons ont développé depuis l’après-guerre des techniques de communication que nous commençons à peine à utiliser avec balbutiement en France alors qu’elles ont fait leurs preuves depuis des dizaines d’années dans d’autres pays. Par exemple, la technique du storytelling (raconter une ou plusieurs histoires à fort pouvoir de séduction et de conviction pour faire passer des messages plus complexes avec efficacité) a été utilisée par les spin doctors (conseillers en communication politique) américains depuis Reagan et a pris son envol avec Clinton. Or, en France, c’est seulement avec Sarko, lorsqu’il était encore Ministre de l’Intérieur, que cela est apparu, et nous sommes encore loin de l’efficacité de la pratique anglo-saxone de cette technique. Une autre technique, le lobbying, n’en est également qu’à ses timides balbutiements en France alors que c’est un procédé efficasse très utilisé -avec éthique et régulation- dans beaucoup d’autres pays.

Je vais arrêter là les exemples. Si j’ai la chance extrême d’avoir encore de tenaces lecteurs à ce stade du billet, ils auront compris que je me fais du souci sur la capacité intrinsèque de la société française moderne (c’est-à-dire depuis pratiquement un siècle) à innover, à insuffler un vent nouveau, à aller de l’avant, à progresser avant les autres (ou au moins en même temps que les pionniers) comme d’autres nations en ont visiblement d’avantage les capacités.

Et je m’inquiète encore plus des raisons de cette lacune supposée. J’ai l’impression que notre société française, faite de moules dans lesquels il convient de rentrer, d’un bridant assistanat qui musèle la responsabilité individuelle, de bien-pensence à œillères et de vieux tabous ridicules, nous freine dans notre créativité, notre ingéniosité, notre envie d’entreprendre, de tester, de prendre des risques et finalement par là de progresser, quitte évidemment à faire des erreurs. Car l’on apprend toujours de ses erreurs.

Mais à trop se sentir plus fort que tout le monde, on reste souvent derrière les autres.

D’ailleurs, je remarque que le Progressisme en tant que mouvement idéologique n’existe quasiment pas en France : qui connait le parti politique Les Progressistes (proche de Gauche Moderne, Nouveau Centre et UMP) ? Qui se revendique “progressiste” ?

A suivre…

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